Malgré les nombreux efforts consentis par les environnementalistes, la biodiversité subit d’énormes préjudices, parmi lesquels le risque d’extinction d’un million d’espèces. Une situation qui impose un nouveau cadre pour la biodiversité. Ce cadre mondial post 2020 de la diversité biologique qui a fait l’objet d’un atelier à Abidjan les 21 et 22 janvier 2021 va-t-il parvenir enfin à freiner la destruction de la biodiversité ?
L’univers de la diversité biologique va mal. Au fil du temps, la situation devient de plus en plus critique et chaotique avec un taux de destruction qui donne froid dans le dos. Selon le rapport mondial de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), les écosystèmes et la biodiversité du monde se détériorent plus rapidement que jamais, mettant en péril le bien-être et l’avenir de l’humanité.
Cette triste réalité vient d’être confirmée à Abidjan lors de l’atelier de l’analyse du draft du cadre mondial post 2020 pour la diversité biologique. Un atelier initié par le ministère ivoirien de l’environnement et du développement durable avec l’appui de WWF Afrique en collaboration avec la convention de la diversité biologique. Objectif, recueillir les observations des parties prenantes sur ce nouveau cadre en vue d’une prise en compte des priorités nationales.
Il été révélé en outre le grand malaise qui plane sur les espèces de la diversité biologique. «1 million d’espèces risquent l’extinction et de nombreuses espèces ont perdu jusqu’à 60% de leur population en 50 ans », a affirmé Dr Jeanne N’tain, point focal de la convention de la diversité biologique en Côte d’Ivoire. «Cette situation met en péril notre sécurité alimentaire, notre approvisionnement en eau, notre capacité à faire face aux maladies », déplore-t-elle. Cela va sans dire que la planète est sérieusement en danger.
Continuant de dépeindre la situation de la biodiversité, Dr N’tain indique également que 13 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année. Un secteur qui joue pourtant un rôle essentiel dans l’écologie terrestre à travers la régulation du climat, la séquestration du carbone, l’amélioration des sols ainsi que dans la conservation des espèces sauvages, animales et végétales.
Durrel Halleson, représentant WWF (Fonds mondial pour la nature) Afrique en Côte d’Ivoire embouche la même trompette de la déploration. « La planète est au rouge », dira-t-il avant d’indiquer avec désolation : « Nous sommes à la sixième extinction de masse et la première causée par l’homme ». Malheureusement, ce dommage que subit la biodiversité n’épargne pas l’économie. « Elle fait enregistrer entre 265 et 277 milliards de dollars de perte économique par an », précise le représentant de WWF Afrique en Côte d’Ivoire.
François Kouablan, représentant le ministre de l’environnement et du développement durable abonde dans le même sens en étendant l’ampleur de la situation jusqu’au niveau marin. « 75% des écosystèmes terrestres et 66% des écosystèmes marins sont endommagés » fait-il remarquer.
Cette situation qui prévaut sur la biodiversité démontre clairement que le plan stratégique en faveur de la biodiversité pour la décennie 2011-2020 dénommé objectifs d’Aichi avec ses 20 objectifs subdivisés en 5 buts stratégique, a été un échec. «Globalement, seuls 6 objectifs sur 20 ont été partiellement atteint », mentionne François Kouablan.
Le premier plan stratégique de la biodiversité n’ayant pas atteint le résultat escompté qui consiste à stopper l’érosion de la biodiversité, la convention de la biodiversité avec les accords nationaux et internationaux se préparent à nouveau pour les 10 années à venir à travers le cadre mondial de la biodiversité post 2020.
Ce cadre vise à préparer entre 2020 et 2030 un système politique et économique mondial pour que les sociétés humaines soient en mesure de vivre en harmonie avec la nature. C’est à juste titre que le représentant du prof Joseph Séka Séka ne manque pas d’exhorter toutes les parties prenantes à jouer leur partition pour contribuer à l’élaboration de ce nouveau programme très déterminant pour l’avenir de la biodiversité. « Chaque Etat Partie est invité à prendre une part active au processus d’élaboration de ce nouveau cadre», a-t-il encouragé.
Dès lors, il y a de l’espoir pour ce nouveau cadre mondial post 2020 de la biodiversité qui constitue un tournant décisif pour la planète. « C’est une occasion unique de se mobiliser pour la nature et les hommes », souligne le représentant WWF Afrique en Côte d’Ivoire, Durrel Halleson.
A l’occasion de cet atelier, le WWF par la voix de son directeur des politiques et partenariats Afrique, Laurent Magloire Somé, qui intervenait par visioconférence a réitéré son appui à la Côte d’Ivoire pour son engagement en faveur la biodiversité.
Espérons que le travail d’analyse et de propositions élaboré lors de l’atelier d’Abidjan sur le draft du cadre mondial post 2020 pour la diversité biologique catalysera une embellie dans l’univers de la biodiversité tant au niveau national que mondial.
GEORGES KOUASSI
k.georges@afriquegreenside.com