En péril depuis 1992, la réserve intégrale du mont Nimba est un site transfrontalier que l’UNESCO envisage de retirer de la zone rouge et réorienter sa gestion. La question était au centre du premier atelier régional sur la Coopération transfrontalière pour une gestion efficace des sites du patrimoine mondial en Afrique, tenu à Man dans l’ouest de la Côte d’Ivoire du 12 au 14 février 2019.
A l’initiative de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture), en collaboration avec l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), le Fonds pour le patrimoine mondial africain (FPMA) et les organisations consultatives (UICN et ICOMOS), une soixantaine d’experts africains, gestionnaires de patrimoines transfrontaliers étaient en réflexion sur la gestion des espaces partagés dont la réserve intégrale du mont Nimba, à cheval entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Libéria avec une superficie de 18 000 hectares.
La représente de l’UNESCO en Côte d’Ivoire a clairement affiché les ambitions de son institution au sujet du mont Nimba. «L’objectif de l’UNESCO, c’est de pouvoir retirer la réserve intégrale du mont Nimba de la liste des patrimoines en péril», dira Anne Lemaistre. Mais selon elle, cela requiert des efforts redoublés tant du côté ivoirien que guinéen. «La Côte d’Ivoire doit faire la démonstration de la bonne gestion du site avec les autorités guinéennes », a-t-elle recommandé.
Quant à Edmond Mukala, chef de l’unité Afrique au sein du patrimoine mondiale de l’UNESCO, il dit placer beaucoup d’espoir en cette rencontre d’échange d’expériences sur les bonnes pratiques africaines en matière de gestion de sites communs. « Malgré ce que nous sommes, l’Afrique inspire dans les bonnes pratiques, les méthodologies, le savoir-faire qui aident aussi d’autres régions », a-t-il souligné. La nécessité d’avoir des programmes de recherches conjoints, la promotion du bon voisinage, la nécessité d’une meilleure communication sur les défis sécuritaires sont entre autres, des recommandations devant inspirer les gestionnaires du mont Nimba.
Des deux côtés, l’engagement semble de mise. Ce qui laisse entrevoir une embellie certaine de cette réserve classée au patrimoine de l’UNESCO depuis 1981. «Nous tenons des réunions trinationales depuis 2002 et il y a même un accord cadre qui a été signé pour assurer l’intégrité de l’espace », a rassuré Colonel Tondossama Adama, Directeur Général de l’office ivoirien des parcs et réserves (OIPR). Son collègue de la Guinée Cécé Papa Condé embouche la même trompette. « Nous avons commencé la collaboration. La preuve, le rapport commun de l’année 2018 a été transmis au patrimoine de l’UNESCO et cela a été apprécié», soutient-il.
Voilà qui rassure. Une assurance que les expériences de gestion d’autres sites devront consolider. C’est ce que souhaite d’ailleurs le préfet du département de Danané Monsieur Karim Diarra, président du comité de gestion locale de ladite réserve, qui représentait le ministre de l’environnement et du développement durable au cours de ces trois jours de travaux clôturés par une visite de terrain sur la réserve intégrale du mont Nimba, située à une centaine de km de la ville de Man.
GEORGES KOUASSI
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