Une chaleur suffocante et insupportable règne depuis quelques temps, de jour comme de nuit à Abidjan et à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Cette situation inhabituelle suscite des inquiétudes, des interrogations mais aussi des plaintes de la part des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. La météo a bien voulu lever un coin du voile sur cette canicule.
Selon les experts, ces vagues de chaleur qui font partie des effets néfastes des changements climatiques résultent de l’émission de gaz à effet de serre. C’est vrai que les mois de février et mars en Côte d’Ivoire sont généralement les plus chauds, ce qui engendre naturellement une vague de chaleur de plus en plus élevée dans le pays.
Sur la période du 8 au 15 mars 2021, de fortes chaleurs persistent sur l’Afrique du nord et le sud-ouest Sahel, indique une note de la Sodexam (Société d’exploitation de développement aéroportuaire, aéronautique, météo) qui relève que « les températures restent au-dessus de la moyenne climatique au Nord et au Centre-Nord de la Côte d’Ivoire ».
Cependant, février et mars finis, la chaleur qui devrait normalement baissée connait plutôt une hausse déconcertante dans ce mois d’avril. C’est ce qui est anormal et incompréhensible. Ces fortes chaleurs sur le pays sont des phénomènes cycliques, mentionne la Sodexam. De ce fait, le rayonnement solaire est quasi direct et le ciel peu nuageux sur l’ensemble du pays. Ce rayonnement ajouté à la circulation atmosphérique favorise des élévations de température sur le pays, relève cet organisme, qui prévient que ces fortes chaleurs seront aussi régulées par les pluies orageuses prévues sur la Côte d’Ivoire.
L’imprévisibilité et la non maitrise du climat actuel est une sérieuse interpellation de l’humanité face aux menaces des changements climatiques qui nous imposent des méthodes d’adaptation ou d’atténuation. C’est ainsi que pour faire face aux conditions climatiques actuelles, des experts conseillent de boire plus d’eau en ces périodes pour rester hydraté. Il est aussi recommandé de surveiller notre tension artérielle pour nous assurer que nous sommes dans la plage normale. Rester à l’intérieur (dans sa maison ou bureau) entre midi et 15 heures chaque jour autant que possible serait aussi bénéfique. De même que prendre des bains d’eau froide avant d’aller au lit la nuit.
Au-delà de toutes ces mesures de précaution, le défi majeur reste la reconstitution du couvert forestier. Car les grandes surfaces boisées sont des puits de carbone qui stockent le dioxyde de carbone et rafraîchissent l’air. Sous l’effet du soleil, l’eau absorbée par les arbres s’évapore, créant de la vapeur d’eau. Ainsi des nuages se forment, engendrant de nouvelles précipitations.
Aussi, selon une étude de WWF (Fonds mondial pour la nature), les forêts emmagasinent 20 à 50 fois plus de CO2 que n’importe quel autre écosystème. De ce point de vue, les forêts tropicales sont très importantes car avec leur biomasse considérable, elles absorbent 50% de carbone de plus que les autres surfaces boisées.
En cas de destruction de ces forêts, le carbone est à nouveau libéré sous forme de gaz à effet de serre, notamment en cas de défrichement par le feu. Ainsi, des quantités gigantesques de CO2 sont rejetées dans l’atmosphère. La chaleur augmente considérablement et bonjour les dégâts.
Les gaz à effet de serre issus du déboisement par le feu contribuent largement au réchauffement climatique. En effet 20% des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines proviennent de la dégradation des forêts. Cette déforestation est à la fois une cause et une conséquence du changement climatique. Combattre la chaleur c’est lutter contre les changements climatiques. Et cette lutte passe indubitablement par la protection de la forêt.
GEORGES KOUASSI
k.georges@afriquegreenside.com