La prise en compte du genre de façon transversale dans la lutte contre les changements climatiques est un autre défi que le Programme National de lutte contre les Changements Climatiques (PNCC) du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable veut relever. Cela passe nécessairement par une bonne maîtrise du concept du genre. Le personnel du PNCC a vu donc ses capacités renforcées sur cette question les 1er et 2 septembre 2020. C’était à son siège sis à la Riviera Palmeraie.
L’objectif de cette formation, selon le coordonnateur du PNCC, Mohamed Sanogo, est d’outiller toutes les parties prenantes à mieux maîtriser cette question du genre dans l’élaboration des projets visant à lutter contre les changements climatiques.
Au-delà de la formation, c’est une véritable plateforme que Mohamed Sanogo et son équipe sont en train de mettre progressivement en place. « C’est un premier pas. L’idée à long terme c’est de pouvoir développer des boîtes à outils, mais aussi de mettre en place une plateforme genre et changements climatiques », a-t-il confié. « Cette plateforme devra pouvoir rassembler tous les points focaux dans les différents secteurs ; non seulement au niveau ministériel mais aussi le secteur privé, la société civile et nos amis de la presse », a-t-il clarifié.
La charité bien ordonnée commençant par soi-même, il est tout à fait logique que le personnel du PNCC, initiateur de cette formation, grâce à un appui de l’Institut International du Développement Durable (IISD), en soit le premier bénéficiaire. En tant qu’acteurs clés de la lutte contre les changements climatiques en Côte d’Ivoire, les agents du PNCC doivent servir de relais auprès des autres parties prenantes. Voilà tout le sens de cette formation en interne. Et ce n’est pas le coordonnateur du PNCC qui nous dira le contraire. « Pour qu’on aille parler du genre ailleurs, il faut que nous même on ait l’expertise pour qu’on sache de quoi on parle aux gens », a expliqué Mohamed Sanogo.
Pour réussi le pari, c’est la sociologue et consultante en genre, Brigith Gbadi, qui a été mandatée pour assurer la formation. Elle a cristallisé l’attention des apprenants sur la nécessité d’intégrer la question du genre dans toutes leurs activités. Durant les deux jours de formation, plusieurs points ont été abordés. Notamment la définition du concept du genre, l’approche genre et développement, comment prendre en compte le genre dans l’adaptation aux changements climatiques et bien d’autres.
Cela a permis de mieux éclairer la lanterne des participants sur le concept du genre que l’on a tendance à toujours ramener à la femme. On comprendra avec la formatrice qu’il s’agit plutôt d’une approche de développement qui vise à réduire les inégalités entre l’homme et la femme au niveau économique, sociale, culturel etc… «Face aux besoins liés aux changements climatiques, les acteurs doivent pouvoir non seulement être capables de faire une évaluation qui prenne en compte les besoins des hommes et des femmes et tenant compte aussi des sexes et de l’âge, mais aussi, ils doivent être capables de voir toutes les conséquences qui ne sont pas visibles sur ces types de populations », a recommandé la formatrice.
A l’issue de ce séminaire de formation, c’est une autre corde que les agents du PNCC viennent d’ajouter à leur arc. En témoignent les propos d’Emmanuel Kouakou, chef de cellule étude et développement durable. « Comme nous intervenons dans les changements climatiques, c’est quelque chose que nous pouvons intégrer facilement pour réduire les inégalités qui existent entre les hommes et les femmes ».
Gnoko Flore est technicienne supérieure de l’environnement au PNCC. Elle nous a également livré ses impressions. « On a retenu qu’il est important d’impliquer le genre dans tout ce que nous faisons, surtout dans le processus PNA. C’est un long processus, mais je pense qu’avec la formation qu’on a reçue on peut y arriver. Petit à petit on pourra avoir de bons résultats », rassure-t-elle.
Tout comme elle, l’assistante administrative et financière Denise Mariette Djougba trouve cette formation très instructive. « Elle nous a donné une nouvelle vision sur le genre. Parce qu’il y avait notre conception propre qui n’était pas vraiment l’originale. Aujourd’hui on a été éclairé sur le sens du genre. Donc ça été une aubaine pour nous de pouvoir participer à cette formation. Maintenant, vu que notre vision a changé, je pense que dans les statistiques on va mieux orienter nos approches », dira-t-elle.
Malgré sa casquette d’expert genre sur le projet NAP-GCF Pacôme Cyrille Guiraud attendait cette formation de pieds fermes et aujourd’hui il peut s’en réjouir. « Cette formation était attendue par le personnel du PNCC. Elle est bien venue parce que l’engagement a été pris par les différents coordonnateurs de telle sorte que tous les produits qui sortent du PNCC soient emprunts des questions du genre. Donc cette formation vient non seulement renforcer les capacités du personnel mais aussi dans l’optique de rendre toutes nos actions climatiques répondant aux questions du genre », a-t-il déclaré.
Cette formation, à laquelle ont pris part tous les responsables de cellules s’est par ailleurs étendue à l’ensemble du personnel du PNCC via un lien zoom pour que même ceux qui n’ont pu être là pour des raisons liées au respect des mesures barrières contre la COVID 19 puissent également en bénéficier vu qu’elle est assez capitale pour la suite de la lutte contre le changement climatique en Côte d’Ivoire.
GEORGES KOUASSI
k.georges@afriquegreenside.com