La Côte d’Ivoire fait partie des mauvais élèves en termes de conservation des forêts. Le pays a malheureusement l’un des taux de déforestation les plus rapides au monde. Une situation à la fois inquiétante et effroyable qui perturbe la sérénité des décideurs. D’où la recherche absolue de solutions pour inverser la tendance.
De 16 millions d’hectares de forêt dans les années 60, la Côte d’Ivoire se retrouve aujourd’hui avec moins de 2,5 millions d’hectares, soit seulement 11%. Le 7ème Rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique en Côte d’Ivoire l’avait déjà révélé en 2018, avant que le directeur général de la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) ne vienne confirmer les faits le jeudi 17 janvier 2019 à l’auditorium de la primature à Abidjan-Plateau, à l’occasion de la présentation du nouvel outil de surveillance forestière qui n’est autre que le Starling.
« La déforestation observée en Côte d’Ivoire est l’une des plus fortes au monde », a déclaré Colonel Mamadou Sangaré. Face à ce triste constat, le DG de la SODEFOR souligne que l’objectif de sa structure à très court terme est de pouvoir étendre cette nouvelle stratégie de surveillance forestière à l’ensemble des forêts classées. « Il faut que le langage change désormais pour dire qu’en 2019 nous étions à 11% de couverture forestière et qu’en 2020, nous sommes peut-être à 15 ; 20 ; 25 ou 30% », a-t-il souhaité.
Si le Starling apparaît comme la panacée pour freiner le taux de déforestation en Côte d’Ivoire, il mérite cependant d’être vulgarisé. D’où sa présentation par Patrick Houdry, responsable commerciale du constructeur aéronautique Airbus, initiateur du projet en partenariat avec l’ONG TFT (The Forest Trust). « L’outil Starling est un appareil de contrôle aérien, basé sur l’observation satellitaire avec une résolution allant jusqu’à 30 cm. Ce qui lui permet de capter les images optiques et radars », a-t-il expliqué.
Selon Gérôme Tokpa, directeur Afrique de TFT, la phase pilote du projet Starling a livré des résultats assez satisfaisants. «L’outil Starling a permis de détecter 58% de forêt intact, 33% de forêt dégradée à ciel ouvert et 7% de forêt dégradée sous-bois. », s’est-il réjouit.
Rappelons qu’un autre rapport, celui de la REDD+ publié en décembre 2018 évoque quant à lui les principales causes de cette destruction massive des forêts en Côte d’Ivoire. Le premier facteur selon le rapport est l’agriculture qui y contribue à 62%. Suivent l’exploitation forestière (18%) et l’extension des infrastructures (10%). Les agriculteurs pour la plupart analphabètes, fondent tout leur espoir sur l’agriculture. Pour eux, pas question de changer d’activité. «En ville, on se plaint qu’il n’y pas travail. Si je laisse l’agriculture, que vais-je faire d’autre ? », s’interroge N’guessan Amangoua, grand planteur dans la localité d’Issia (centre ouest).
Si le Starling vient à point nommé pour une meilleure surveillance forestière, une reforme dans le secteur agricole s’avère nécessaire. Pratiquer l’agroforesterie ou l’agriculture zéro déforestation préconisée justement par la REDD+ serait souhaitable. Nous pensons que c’est cette combinaison qui permettra à la Côte d’Ivoire d’atteindre ses objectifs qui visent à atteindre 20%, soit six millions d’hectares de forêt restaurés d’ici 2040.
GEORGES KOUASSI
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