Le plafonnement des loyers et caution est régi par le gouvernement à travers une loi adoptée en 2018. La loi N°2018-575 du 13 juin 2018, relative au bail usage d’habitation, en ses articles 9 et 10, du chapitre III. Cette loi interdit au bailleur d’exiger plus de deux mois de loyer d’avance et deux mois de caution au candidat à la location, lors de la conclusion du contrat de bail en Côte d’Ivoire.
Malgré l’existence de cette loi connue et sue par tous, les sommes exigées par les bailleurs pour un logement sont faramineuses. Tout simplement parce que la croissance démographique en engendré un manque criant de logement malgré les immeubles qui poussent comme des champignons dans la capitale économique ivoirienne. Il n’est donc par rare de voir des bâtiments inachevés qui portent des pancartes ou autres affiches estampillées « Maison à louer ». Certains demandeurs payent même parfois la garantie d’une maison dont nul ne connait la date de finition.
Autant dire que c’est un véritable parcours du combattant pour une personne désirant se loger à Abidjan. Se loger à Abidjan est similaire que de se retrouver dans un traquenard, ballotté entre les démarcheurs, les agences immobilières, les propriétaires véreux. À Abidjan, pour simplement visiter une maison décrite souvent avec des mensonges afin d’emballer l’individu en quête de logement, il faut s’attendre à débourser aux minimums cinq mille francs.
Tel est le cas de jean Jaurès, jeune Ivoirien résidant la commune de Marcory et effectuant ses activités professionnelles au sein de la commune de Cocody. Il nous explique son calvaire durant sa quête de maison. « J’ai besoin de me rapprocher de mon lieu de travail afin d’éviter les dépenses dues aux transports, depuis plus d’un mois je suis en quête d’une maison de deux-pièces dans la zone de Cocody, ce n’est vraiment pas évident. J’ai visité plus d’une dizaine de maisons, imaginez à chaque fois payer 5000 francs. Lorsqu’une maison t’intéresse, après la visite, tu es informé qu’elle vient à peine d’être prise. Les gens sont beaucoup malhonnêtes. C’est vraiment épuisant », s’alarme-t-il.
Après l’étape de la visite qui parfois vous fait perdre la moitié de votre caution, si les dieux sont avec vous, vous arrivez à tomber sous le charme d’une maison. Ensuite, survient l’étape de la conclusion du contrat chez le bailleur, sachant que le bail est normalement limité à deux mois de caution et deux mois d’avance telle que défini par la loi ivoirienne depuis 2018. Les locataires de maison se retrouvent à débourser au-delà de ce plafonnement exigé par les autorités. Un cinquième mois est demandé au futur locataire pour l’agence immobilière, ce qui renvoie à débourser 3 mois d’avance et 2 mois de caution.
Les propriétaires de maisons continuent de fixer la caution qui va au-delà des quatre (4) mois homologués par le gouvernement. En plus, un mois de loyer supplémentaire est demandé au futur locataire pour l’agence immobilière, ce qui renvoie à débourser 5 mois.
Les témoignages du non-respect de la loi relative au bail à usage d’habitation fusent de partout, les Abidjanais crient leur mécontentement face à l’anarchie existant encore dans ce milieu.
témoigne Alimata, commerçante. « Nous sommes fatigués, je suis commerçante, j’étais très heureuse que l’Etat ait délimité les avances et cautions. Mais aujourd’hui que je veux déménager, je constate autre chose sur le terrain. Voulant une maison de cent cinquante mille (150000) francs, j’ai pu épargner six cent mille (600000) francs ma maison. Mais aujourd’hui il m’est demandé en plus des 600000 francs, la somme équivalente d’un mois de loyer pour l’agence immobilière ou le démarcheur. Où je trouve cette somme, ce n’est pas juste. L’Etat doit régler cette histoire de cinquième mois, voire plus qui nous sont imposés par les propriétaires de maison et leurs complices démarcheurs et soit disant agences immobilières. »
En plus de cette arnaque aux locataires faite par les bailleurs et les structures se faisant appeler agences immobilières, le coût du logement au fil des années devient un luxe pour l’abidjanais. Il est quasi impossible d’avoir le plus petit logement communément appelé studio en bonne et due forme remplissant les standards minimums à moins de cent mille francs.
Rappelons qu’avec le SMIG en Côte d’Ivoire qui s’évalue à soixante mille francs, il est quasi impossible de se loger décemment pour la grande majorité des jeunes vivants au sein de la capitale économique.
L’État gagnerait pour ses administrés, à assainir le milieu de la location à Abidjan afin d’éviter toutes ces malversations dont sont victimes les Abidjanais en quête de logement.
Kahaud Blihi Marie-Thérèse (stagiaire)
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