Environnement : La Côte d’Ivoire s’engage à ratifier la convention de Minamata afin de faire face aux effets néfastes du mercure sur la santé et l’environnement.
Ce Lundi 18 Juin, s’est tenu à Abidjan, un atelier de sensibilisation de renforcement de capacités et d’échanges de connaissance autour de la prévention des intoxications liées au mercure dentaire et autres produits contenant du mercure.
Initié par le centre africain de la santé environnementale (CASE) en partenariat avec le ministère de la santé et de l’hygiène publique et celui en charge de l’environnement, cet atelier qui avait pour objectif de passer en revue les conclusions des consultations précédentes avec les acteurs du secteur a fait adopter des instruments de plaidoyer pour soutenir le gouvernement ivoirien dans la ratification de la convention de Minamata.
« Pour ne pas être en marge sur les initiatives mises en œuvre sur le continent, nous devons accélérer le processus de ratification de la convention de Minamata afin de bénéficier des appuis disponibles au fonds pour l’environnement mondial » a plaidé M. KPOKRO Dominique, Président du centre africain de la santé environnementale (CASE) à l’ouverture dudit atelier.
Pour adresser la question liée aux intoxications du mercure, les inventaires menés entre 2014 et 2016, ont prouvé que la Côte d’Ivoire utilisait près de 13 tonnes de mercure dans le secteur de l’orpaillage. De plus, certains produits contiennent du mercure, notamment les déchets mercuriels issus des thermomètres, des appareils de mesures, les baromètres, les tensiomètres.
Toujours selon Dominique KPOKRO, « dans certains cabinets dentaires des concentrations de plus de 5000 nanogrammes par mètre cube d’air ont été relevées, ce qui représente 5 fois plus de mercure que la norme autorisée. Dans certains produits cosmétiques et d’hygiène corporels ce sont des concentrations de 0,8 et 0,9 partie par million qui ont été retrouvés dans des crèmes éclaircissantes, pourtant interdits par la loi ivoirienne ». « Le mercure peut entraîner des maladies pulmonaires, respiratoires ou encore une baisse de la fertilité et des neuro-dégénératives telles que l’alzaïmer, etc. » a-t-il précisé.
Selon Docteur Gangne, Eugénie, Directrice de l’Hygiène publique et Santé-Environnement, en attendant la ratification de la convention de Minamata, la Côte d’Ivoire s’appuie sur la contribution des organisations non gouvernementales (ong) pour organiser l’utilisation du mercure et ses dérivés. « Depuis, un certain temps les professionnels de la santé qui utilisent le mercure ont été informé de l’aspect nocif du mercure sur la santé. Il y a donc une organisation qui est mise en place pour sensibiliser ces acteurs » a-t-elle précisé.
Quant à Docteur ABOUA Gustave, directeur général de l’environnement et du développement durable, il a précisé que la Côte d’Ivoire ratifiera la convention de Minamata d’ici la fin de l’année 2018. « La franche collaboration entre les ministères en charge de la question et les (ong) concourt à un plaidoyer pour que le gouvernement puisse retirer définitivement le mercure des soins dentaires Mais le plus important c’est aussi de présenter les alternatives. » a-t-il souligné avant de féliciter la haute contribution de la société civile, notamment le centre africain de la santé environnementale dans le combat de la lutte contre les effets nocifs du mercure sur la santé et l’environnement.
Des échanges et partages de connaissances ont permis aux 38 participants de prendre la pleine mesure des enjeux de la ratification de la convention de Minamata. Des spécialistes du secteur de la dentisterie ont apporté leurs contributions pour faire avancer le débat. « Les états qui ont signé la convention de Minimata ont effectivement constaté qu’il y a véritablement des risques liés à l’utilisation du mercure. Contrairement à certains pays comme la Côte d’Ivoire, qui ne disposent pas de moyens scientifiques suffisants ou même de données ou encore de cadre juridique légal pour maitriser ces risques doivent opter pour la prévention. Et la prévention c’est de signer ‘‘Minamata’’. » a plaidé Professeur KOFFI Yolande, Doyen de l’unité de formation et de recherche d’odonto-stomatologie à l’université félix houphouët boigny d’Abidjan.
Au terme de cet atelier, un avant-projet de décret portant sur la protection de la population contre les intoxications aux métaux lourds a été validé par les participants. « Le projet de décret qui a été validé aujourd’hui permet, s’il est adopté demain, d’interdire dès son entrée en vigueur le mercure, les amalgames dentaires chez les enfants de moins de 15 ans, chez les enfants enceintes, les femmes allaitantes. Ce qui est une avancée considérable pour la Côte d’Ivoire en marge de la ratification de la Convention de Minamata », a mentionné Dominique Bally.
La rédaction