Si l’on n’y prend garde, les eaux ivoiriennes ne contiendront plus de poissons d’ici peu. La cause c’est que l’on assiste à une surexploitation de cette espèce aquatique et mêmes les alevins ne sont pas épargnés.
Représentant 3,1 % du PIB agricole, la pêche constitue un secteur d’activité sensible de l’économie nationale ivoirienne. Cependant certains pêcheurs véreux mettent à mal ce secteur avec des filets aux petites mailles non réglementées qui ratissent mêmes les plus petits poissons dans les profondeurs de nos eaux. Ceux-là même qui par le mécanisme de la reproduction constituent la substance vitale de demain.
Pour le consommateur ivoirien, et en particulier, pour les ménages les plus modestes du pays, le poisson reste la première source de protéines animales en raison de son prix relativement abordable comparé à celui de la viande. Ainsi, la consommation nationale annuelle varie entre 250 000 tonnes et 300 000 tonnes tandis que celle des ménages est estimée à 13,2 kg par habitant et par an. Inutile donc de rappeler que le poisson occupe une place prépondérante non seulement dans l’économie mais aussi dans l’alimentation des ivoiriens.
Déjà les ressources maritimes nationales limitées portent un coup à cette dépendance en poissons. Si l’on ne laisse aucune chance de survie aux petits poissons, il est évident que la Côte d’Ivoire importera beaucoup plus de poissons. « Si tous les petits poissons sont pêchés à longueur de journée, c’est sûr que d’ici quelques années, il n’y aura plus de poissons dans nos eaux », s’insurge Fofana Mamadou, habitant de la commune de Port Bouet (Abidjan sud).
Selon les experts en environnement, l’utilisation des filets de petites mailles détruit les poissons de toutes tailles Conséquence, la lagune Ebrié est au fil du temps dépourvue de poissons, de même que les autres rivières et fleuves du pays. Quelle possibilité de reproduction des poissons pour les générations futures ?
Certes, l’Etat encourage l’aquaculture pour renforcer le secteur. Mais cet objectif ne pourrait être atteint s’il n’y a pas une politique rigoureuse pour freiner les pêcheurs illégaux et surtout des mesures draconiennes à l’encontre de tout contrevenant aux règles de bonne conduite en matière de pêche. Règle qui interdit la pêche avec des filets aux petites mailles.
Il appartient donc à nos autorités d’être beaucoup plus regardant sur cette situation afin que cesse le désordre et le massacre dans le secteur de la pêche en Côte d’Ivoire.
GEORGES KOUASI
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