Les éléphants sont les plus grands animaux terrestres au monde. Avec un poids allant jusqu’à 6 tonnes, l’éléphant d’Afrique est le plus imposant tandis que l’éléphant d’Asie, plus petit, peut peser jusqu’à 5 tonnes.
Leur trompe, une extension de leur lèvre supérieure et de leur nez, est utilisée pour communiquer et attraper divers objets, au-delà de leur permettre de s’abreuver et de s’alimenter.
L’autre caractéristique notable des éléphants se situe au niveau de leurs larges oreilles qui, en plus de leur fonction auditive, permettent de refroidir le corps.
Quant aux défenses, larges incisives modifiées se développant tout au long de la vie de l’éléphant, elles sont utilisées pour se battre, creuser, se nourrir ou bien se repérer. Hélas, celles-ci attirent la convoitise des braconniers pour alimenter un insatiable appétit d’ivoire causant la mort de 20 000 à 30 000 éléphants chaque année…
LA CHUTE DRASTIQUE DES POPULATIONS D’ELEPHANTS
Parmi les grands mammifères d’Afrique, les éléphants sont les plus menacés d’extinction à cause de l’action humaine et deux phénomènes en particulier : la déforestation massive et le braconnage. Les chiffres ne cessent de dégringoler à un rythme très préoccupant depuis des décennies. Et les éléphants de Côte d’Ivoire sont particulièrement affectés par cette tendance désastreuse. Les populations d’éléphants ont chuté dramatiquement aux 19ème et 20ème siècles. Sur le continent africain, l’espèce compte aujourd’hui environ 415 000 individus (contre 3 à 5 millions au début du 20ème siècle). Quant à l’éléphant d’Asie, il est inscrit sur la liste rouge des espèces en danger d’extinction de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), ses effectifs ayant diminué d’au moins 50% au cours des trois dernières générations. Aujourd’hui, il en resterait moins de 50 000 à l’état sauvage.
LE CARACTERE PRECIEUX DE LEURS IVOIRES
Si les éléphants sont convoités à quelques degrés moins pour leur viande ou autres parties du corps, il n’en demeure pas moins que les pachydermes sont particulièrement chassés pour leurs défenses, l’ivoire dont le caractère précieux est indéniable. Sa matière étant relativement souple, il se prête bien à la sculpture. Il est très convoité pour être transformé en toutes sortes d’objets. Pour les animaux, les défenses sont des outils précieux qui leur servent à se battre ou à creuser. Pour les hommes, en revanche, les produits en ivoire ne servent qu’à faire étalage d’un luxe au nom duquel des milliers d’éléphants ont été abattus. Depuis la colonisation de l’Afrique, il y a environ 500 ans, le continent a été littéralement pillé, notamment pour s’emparer de l’ivoire.
LES TROIS MENACES DIRECTES PESANT SUR LES ELEPHANTS
Les trois menaces directes pesant sur les éléphants sont la perte d’habitat (incluant la détérioration et la fragmentation), les conflits hommes-éléphants, et surtout le braconnage, principale menace pour le pachyderme. Les éléphants sont abattus illégalement pour leur viande, leur peau, mais aussi et surtout pour leur ivoire. Entre 20 000 et 30 000 éléphants sont ainsi tués par les braconniers chaque année.
En Asie, le braconnage vise principalement les mâles qui seuls portent des défenses. Le prélèvement sélectif de ces éléphants pour leur ivoire pourrait entraîner une augmentation de la proportion de mâles sans défense dans la population.
En Afrique, la recrudescence du braconnage au cours de ces dernières années a entraîné un déclin des populations d’éléphants de forêts (-62% de 2002 à 2011 en Afrique centrale) et de certaines populations de savanes (-48% de 2010 à 2015 au Mozambique et -60% de 2009 à 2014 en Tanzanie par exemple). Sur l’ensemble du continent africain, en 2019, environ 50% des décès d’éléphants constatés sont dus au braconnage, avec des disparités régionales (environ 70% pour l’Afrique centrale, environ 30% en Afrique de l’Est et australe). Des actes criminels ont été signalés, notamment dans l’enceinte même du prestigieux parc Krüger en Afrique du Sud. Ainsi, le nombre d’éléphants abattus dans le Parc national Kruger est passé de 46 à 67 individus entre 2016 et 2017.
L’existence de marchés domestiques de l’ivoire en Asie et en Afrique stimule la demande. Ces marchés sont, au moins en partie, alimentés par le commerce illégal à l’origine de ce massacre des éléphants. La demande d’ivoire pour la fabrication d’objets de décoration, de bijoux et de bibelots est en train de pousser les éléphants au bord de l’extinction. Ainsi, d’importants réseaux criminels organisés sont impliqués dans le commerce illégal d’ivoire pour tirer profit de cette demande.
Cette criminalité transnationale a aussi de larges ramifications. Le degré et l’étendue de la violence perpétrée par les braconniers et les trafiquants sur les espèces sauvages en général, et les éléphants en particulier, menacent la paix, la sécurité, l’état de droit et les conditions de vie des populations. Les groupes criminels organisés sont non seulement impliqués dans le trafic d’espèces sauvages, mais aussi dans d’autres trafics et engagés dans la fraude, l’évasion fiscale, l’extorsion, la corruption et le blanchiment d’argent. La nature organisée des syndicats criminels impliqués dans les crimes sur ces espèces sauvages sape le développement économique, social et politique. On estime ainsi à 25 millions de dollars les pertes de revenus touristiques causées chaque année en Afrique par le braconnage de l’éléphant.
LES SOLUTIONS POUR SUVER LES ÉLÉPHANTS
Les problèmes rencontrés par les éléphants en Afrique et en Asie sont variés et complexes. Le WWF (Fonds mondial pour la nature) travaille à la conservation des éléphants sur les deux continents à travers différents programmes.
A travers ses programmes en Afrique et en Asie, le WWF focalise ses interventions sur quatre axes importants pour la conservation des éléphants.
Le premier consiste à améliorer la gestion et la protection des éléphants – en fournissant des équipements et des formations aux équipes de lutte anti-braconnage, en améliorant la gestion des aires protégées existantes et en promouvant la création de nouvelles, en développant des systèmes de gestion communautaire des espèces sauvages qui contribuent à la conservation des éléphants en apportant des avantages aux populations locales, et en déterminant la taille des populations d’éléphants.
Le deuxième axe porte sur la réduction du commerce illégal en surveillant les tendances du commerce illégal des produits d’éléphant, en menant des enquêtes pour mettre à jour des données sur les marchés domestiques d’ivoire et en soutenant le programme conjoint du WWF et de TRAFFIC sur la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Le troisième axe se concentre sur l’atténuation des conflits hommes-éléphants en formant les gestionnaires de la faune et de la flore sauvages et les communautés locales à l’utilisation d’outils efficaces et en affinant les méthodes actuelles basées sur ce qui marche le mieux dans des situations spécifiques.
Enfin, le quatrième axe a pour objectif de renforcer les capacités dans les pays de l’aire de répartition en aidant des gouvernements des États de l’aire de répartition à produire des stratégies nationales et sous régionales de conservation des éléphants, en renforçant les capacités pour examiner, recenser et contrôler les populations d’éléphants et en menant des actions de plaidoyer auprès des pays de l’aire de répartition pour le renforcement et la mise en œuvre de la législation visant à protéger les éléphants.
Le conflit homme-éléphants étant l’une des principales causes de la disparition des éléphants, cela suggère que les autorités des différents pays africains doivent initier des stratégies innovantes impliquant les communautés locales, pour éviter de tels conflits qui entraînent souvent la mort de l’homme ou des éléphants et des pertes économiques.
GEORGES KOUASSI
k.georges@afriquegreenside.com