L’agroforesterie est une approche dynamique et écologique de gestion des ressources naturelles qui consiste à intégrer des arbres dans les champs et sur les terres agricoles. Aussi simple qu’il pourrait paraître, ce mode d’utilisation des terres où des arbres sont délibérément associés aux cultures pour former une même unité, procure d’énormes avantages au plan socio-économique, agronomique et environnemental.
Déjà au plan économique, l’agroforesterie permet une augmentation des rendements et donc des gains économiques. Ainsi, elle contribue en quantité et en qualité à la satisfaction des besoins de base des communautés locales, en matière d’alimentation, de santé de construction et d’artisanat. Sans oublier qu’elle permet une diversification des sources de revenus, favorise la création d’emplois en milieu rural et minimise les dépenses en intrants pour l’agriculture.
Au plan agronomique, l’agroforesterie maintient durablement la fertilité des sols pour les cultures, améliore un microclimat plus favorable aux cultures et permet de mitiger les effets des changements climatiques sur les plantes cultivées. Elle développe aussi une composante pastorale par son apport de fumure organique et lutte contre l’enherbement tout en enrichissant le sol grâce à la litière de feuilles et à l’action de leurs racines.
Enfin au plan environnemental, l’agroforesterie diminue la pression sur l’ensemble des ressources forestières en permettant de cultiver sur une même parcelle pendant plusieurs années, évitant ainsi une itinérance des parcelles cultivées. Aussi l’agroforesterie développe-t-elle des niches écologiques favorables aux animaux sauvages, tant pour subvenir aux besoins des populations en gibier, dans un cadre de gestion rationnelle, que pour créer d’éventuels ‘’corridors’’ pour la faune entre massifs forestiers. Elle contribue également à l’amélioration et à la conservation de la biodiversité végétale et animale. Outre le fait de répondre à un besoin d’ombre, ces arbres « compagnons » capturent aussi du carbone, régulent l’eau, réduisent les dommages causés par le vent et d’autres conditions météorologiques extrêmes.
Il convient de rappeler que l’introduction du concept « d’agroforesterie » dans la politique ivoirienne vise d’une part à promouvoir l’industrie forestière et l’agriculture en forêt mais aussi à protéger le patrimoine forestier. L’association de la foresterie à l’agriculture renforcera la maitrise de la déforestation, contribuera à encadrer les cultures en forêt mais surtout à la reconstitution du couvert forestier. C’est pourquoi la promotion de ce concept doit être l’affaire de tous pour non seulement sauver la forêt ivoirienne, mais aussi donner aux agriculteurs des techniques simples pour accroitre leurs revenus.
L’un des promoteurs de cette pratique agricole en Côte d’Ivoire reste indubitablement l’ONG AMISTAD (Action pour la Mobilisation des Initiatives et Stratégies d’Aide au Développement). Cette organisation dirigée par Brice Delagneau a d’ailleurs édité en 2019 un guide d’agroforesterie en lien avec les cultures vivrières. Aussi, depuis janvier 2021, cette ONG pilote un projet dénommé « projet de reboisement et d’agroforesterie ». Il est financé par le groupe SIFCA et va à terme permettre de regarnir les forêts dégradées dans les unités agricoles intégrées de cet agroindustriel tout en vulgarisant l’agroforesterie au sein des communautés locales pour la survie de la forêt ivoirienne.
GEORGES KOUASSI
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