“Le succès de ce pays repose sur l’agriculture”, un slogan connu de tout ivoirien, dont l’auteur est le père fondateur Felix Houphouët Boigny. Ce slogan a depuis toujours été le fer de lance de l’agriculture pilier de l’économie ivoirienne.
L’état ivoirien de par sa politique axée sur les matières premières a mis l’accent sur une agriculture intensive tant pour les cultures d’exportation que pour les cultures vivrières, détruisant ainsi la forêt à un rythme accéléré. Cette utilisation abusive de la terre a impacté négativement le couvert forestier ivoirien qui a connu depuis l’indépendance une forte dégradation.
Une déforestation due en grande partie à la culture du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur. Conséquence, la superficie de la forêt ivoirienne passe 16 millions d’hectares dans les années 60 à 2 millions d’hectares aujourd’hui. C’est dans ce contexte de perte énorme du couvert forestier qui a déjà des conséquences notables sur le climat et dans un futur proche, un risque en termes de sécurité alimentaire, que des études sont menées afin d’initier et accompagner des changements de pratiques agricoles et de gestion des ressources.
En vue de sauver l’agriculture ivoirienne, nous avons vu l’apparition d’un nouveau terme, l’agriculture durable, érigé en un thème faisant partie des quatre axes thématiques du colloque du centre suisse de recherches scientifiques tenu récemment à Abidjan. Cette thématique a permis à différents orateurs de se succéder et de présenter chacun à son niveau ses résultats de recherche. Parmi les intervenants, Kouamé Kouadio Fernand, doctorant en science économique et chercheur à l’ICRAF (Centre Internationale pour la Recherche en Agroforesterie) qui a abordé le thème « vers une agriculture familiale durable: construire un outil diagnostic pour mesurer les progrès accomplis». « Notre sujet s’inscrit dans la problématique du développement durable applicable à l’agriculture et la question que nous cherchons à aborder, comment opérationnaliser le thème agriculture durable et pour ce faire nous construisons un indicateur de durabilité, qui est un indicateur composite qui intègre les trois dimensions de l’agriculture durable à savoir l’économie, l’environnement, la société», a-t-il signifié.
Il a poursuivi sa présentation en définissant l’agriculture durable. « L’agriculture durable est l’application du développement durable à l’agriculture, qui lui se définit comme un développement qui permet de satisfaire les besoins du présent sans compromettre les possibilités des générations à venir de pouvoir satisfaire les leurs. Appliquée à l’agriculture, il s’agit de développer des activités agricoles qui nous permettent d’avoir des résultats économiques, de préserver l’environnement et de valoriser l’homme dans ses valeurs fondamentales humaines», a-t-il expliqué.
A la question de savoir comment concrètement il voit la faisabilité de cette étude, notre chercheur répond:« nous devons avoir des cadres de travail avec les producteurs où nous les présenterons l’importance qu’il y’a pour chacun de nous à aller vers l’agriculture durable. De façon pratique nous allons prendre les trois piliers de l’agriculture durable, afin que l’agriculteur sache d’année en année quelles sont les actions correctives qu’il doit poser pour que d’une part son exploitation ait de plus grandes performances, d’autre part son exploitation soit un cadre de promotion de l’environnement et enfin que lui, étant agriculteur soit un acteur de développement valorisant par la même occasion le métier de la terre.».
Il apparait clairement que seule une agriculture durable peut permettre la préservation du couvert forestier ivoirien. L’agroforesterie étant reconnue comme un modèle agricole durable, sa vulgarisation et sa pratique à grande échelle ne s’imposent-elles pas aux agriculteurs ? vivement que tous les acteurs s’approprient cette technique pour une agriculture durable qui participe au développement.
Kahaud Blihi Marie-Thérèse (stagiaire)
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